Luc-Olivier MERSON (1846-1920)
Date de vente : 11 novembre 2018
Estimation : 3 000/4 000 €
Prix de vente : 4148 €
Les disciples à Emmaüs
Projet pour un vitrail de la Christ Church de Riverdale (New-York)
Dessin à la plume, crayon et rehauts de gouache blanche sur papier mastic.
Signé en bas à droite : Luc Olivier Merson inv. et DEL. 82. Et en bas à gauche : S. Oudinot
pinxit 1883.
Annoté au dos : acheté à la vente Fouques-Duparc le 8 mai 1919 ; et appartient à Monsieur
Besnard 57, rue Ampère.
Cadre d'origine en bois et stuc noircis à vue ogivale portant un cartel en laiton.
Traces d'humidité sur le passe-partout.
Dimensions du dessin : H. 62 ; L. 52 cm
Artiste renommé et très prisé depuis l'immense succès de son tableau Le repos pendant
la fuite en Égypte, présenté au Salon de 1879, Luc-Olivier Merson jouit d'une réputation
considérable outre-Atlantique.
Les honneurs et distinctions qu'il a reçus (Grand Prix de Rome en 1869, médaille de 1ère
classe au Salon de 1873, élévation au rang de Chevalier de la Légion d'Honneur en 1881)
font de lui une valeur sûre pour les investisseurs désireux d'acheter des oeuvres d'art de
qualité.
Sa collaboration avec le maître verrier Eugène Stanislas Oudinot de la Faverie (1827-1889)
va lui permettre d'exercer ses talents aux États-Unis. En effet, Oudinot est lié d'amitié avec
Richard Morris Hunt (1827-1895), qui fut le premier étudiant américain en architecture
admis à l'école des Beaux-Arts de Paris.
Hunt est très influencé par son expérience française. Il fréquente la société mondaine de
la côte Est et se voit attribuer des projets importants, comme l'entrée du Metropolitan
Museum of Art en 1894. Il travaille également pour les grandes fortunes new-yorkaises et
réalise pour elles de somptueuses demeures estivales.
Hunt invite Oudinot et lui ouvre les portes des grands commanditaires américains.
Merson accompagne donc Oudinot dans ces projets et réalise ce dessin en 1882.
Il semble que ce soit l'une des premières commandes de Merson aux États-Unis, et il est
admis qu'il s'agit de l'un de ses plus beaux vitraux.
L'artiste choisit l'instant précis où les pèlerins reconnaissent le Christ. Le temps semble
suspendu alors que le serviteur à l'arrière plan n'a visiblement pas saisi l’importance de
l’événement.
Merson inscrit la scène dans un style néo-Renaissance en empruntant au Titien (Les
pèlerins d'Emmaüs, vers 1530, Paris, musée du Louvre) pour sa composition, tout en
inversant les éléments d'emprunt : le serviteur, à gauche chez Titien, se retrouve à droite,
et inversement pour le pèlerin au chapeau.
Les archives de la Christ Church de Riverdale nous apprennent que le vitrail a été
commandé par le banquier Percy R. Pyne (1857-1929) pour la somme de 25 000 dollars, en
souvenir de sa mère, décédée lorsqu'il était enfant.
Oudinot et Merson ont été si satisfaits de leur réalisation que le vitrail sera réédité pour
l'exposition universelle de 1889 et présenté par Félix Gaudin (1851-1930), collaborateur et
repreneur du maître verrier.
Le vitrail est alors acquis par les Arts Décoratifs (inv. 5446) et placé dans l'église SainteEugénie
de Biarritz, où il figure toujours.
Le présent dessin est mentionné dans l'inventaire après décès du Maître verrier réalisé
par Maître Charles Léon Tual, commissaire-priseur, à son domicile du 6 rue de la grande
chaumière à Paris.
Il est inventorié sous le numéro 65, et prisé 500 fr., constituant le lot mobilier le plus élevé
de la succession, à l'exception des deux fours de verrier prisés 750 fr. l'ensemble.
Dans l'inventaire, une esquisse de la même scène est mentionnée pour un prix de 200 fr.
On retrouve notre dessin dans la vente aux enchères de la collection de Monsieur Arthur
Fouques-Duparc, le jeudi 8 mai 1919, sous le ministère de Maître Lair-Dubreuil, à la
Galerie Georges Petit à Paris.
Il figure sous le numéro 62. Si on en croit l'annotation au dos du dessin, il a été acquis par
Monsieur Bénard, résidant rue Ampère à Paris.
La dernière apparition publique du dessin remonte à mai 1921, à l'occasion de l'exposition
posthume de l’oeuvre de Luc-Olivier Merson à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris.
Provenance :
– Eugène Stanislas Oudinot de la Faverie
– Paris, Galerie Georges Petit, vente Fouques-Duparc, 8 mai 1919, lot n° 62
– M. Bénard
Exposition publique :
– Paris École des Beaux-Arts, mai 1921.
Source et bibliographie :
– L'étrange Monsieur Merson, catalogue de l'exposition, 10 décembre 2008-8
mars 2009, Rennes, musée des Beaux-Arts, dir. Francis Ribemont, Lyon,
Éditions Lieux Dits, 2008.
– Amelie Duntze-Ouvry. Eugène Stanislas Oudinot de la Faverie artiste peintreverrier
(1827-1889) et le renouveau du vitrail civil au XIXe siècle. Histoire.
Université Blaise Pascal - Clermont-Ferrand II, 2016. Français. 〈NNT :
2016CLF20021〉. 〈tel-01693889
– Galerie Georges Petit, catalogue de la vente Fouques-Duparc, P.40, Paris, 1919.